MALADIE DE LYME, RAPPORTS SEXUELS ET GROSSESSE
TRANSMISSION PAR VOIE SEXUELLE
Un seul article publié en 2015 [1][2] rapporte l’isolement en culture de Borrelia dans les sécrétions génitales humaines (sperme et sécrétion vaginale) avec confirmation par PCR. Cette constatation ne suffit cependant pas à avérer le risque de transmission entre partenaires.
Dans une étude plus récente, 13 personnes atteintes de lyme ont été étudiées, dont 3 partenaires sexuels. Les partenaires partageaient dans les 3 cas des souches identiques de borréliose de lyme dans leurs sécrétions. Les chercheurs n’ont pas précisé la durée séparant l’activité sexuelle de chaque couple et le moment où les spécimens ont été obtenus. Il n'y a pas non plus de preuves scientifiques indiquant la durée pendant laquelle la présence de la borreliose peut persister dans le liquide vaginal après l'éjaculation masculine. Ainsi, il est possible que les souches identiques retrouvées dans le liquide vaginal de la partenaire correspondent au sperme de son conjoint plutôt qu’à ses propres sécrétions vaginales.
Il n’y a pas d’autre documentation clinique. Conclusion, aucune transmission sexuelle n’a, à ce jour, été formellement démontrée chez l’homme. Les preuves d’une transmission sexuelle de Borrelia ont été recherchées également chez le rat, sans succès [3].
TRANSMISSION IN UTERO
D'après des travaux français menés en 2013, la borrelia burgdorferi serait capable de traverser la barrière transplacentaire, et donc d'infecter le fœtus en développement.
La transmission materno-fœtale avait déjà été prouvée [5] en 1985, Borrelia burgdoferi ayant été retrouvée dans le placenta et différents organes fœtaux lors d’autopsies (foie, rate, rein, moelle osseuse, cerveau, cœur, surrénales), non seulement par diverses techniques d’identification au microscope mais aussi en culture. Dans les deux cas rapportés [6][7] , la mère était symptomatique et non traitée.
En 1988, Weber [8] rapporte un cas de transmission transplacentaire chez une femme enceinte et traitée par voie orale par pénicilline pendant sept jours pour un érythème migrant au premier trimestre. Des spirochètes ont été détectés (par coloration argentique et immunofluorescence directe) dans le cerveau de l’enfant décédé par atteinte cérébrale 23 heures après sa naissance.
En 1989, le chercheur MacDonalt documenta 14 autres cas de transmission transplacentaire de Borrelia Burgdorferi [9] : deux cultures (une fœtale et une placentaire) positives, deux positives en immunohistochimie, deux en coloration argentique et huit en immunofluorescence indirecte (IFI).
Mais contrairement aux observations de syphilis congénitale, la présence du spirochète n’a jamais été associée à des signes d’inflammation chez l’enfant, ni à la présence d’anticorps, de sorte que son rôle pathogène reste discuté. Toutefois, l’absence de marqueurs sérologiques ou de symptômes cliniques n’est pas suffisante pour écarter la transmission étant donné la non fiabilité des sérologies actuels et la possibilité d'une activation de l'infection à n’importe quel événement immuno-supprisseur.
En Suisse, des infections transplacentaires du fœtus ont pu être observées aux trois trimestres [10][11].
Lorsqu'une femme enceinte contracte la maladie de Lyme, le risque de fausse couche, d'accouchement par césarienne et/ou de prématurité est-il plus important ?
D'après une étude américaine [12] menée en 1986 sur 19 femmes enceintes atteintes par cette pathologie, 14 accouchements se sont déroulés normalement et 5 complications sont survenues : mort in utero, prématurité, cécité corticale, rash cutané à la naissance et syndactylie. Cependant, le lien avec la borréliose n'a pas pu être établi car le nombre de cas rapportés est très faible et correspond à des malformations relativement fréquentes en population générale. Une association fortuite est donc plus probable qu’une relation causale.
Des études épidémiologiques comparant population vivant en zone hyper-endémique et population non exposée n’ont pour la plupart pas retenu d’augmentation du risque d’issue de grossesse défavorable ou de malformations.
En 1993, une nouvelle étude américaine [13] publiée dans le American Journal of Obstetrics and Gynecologystipule que : « l'exposition de la femme enceinte à la maladie de Lyme durant sa grossesse ou avant la conception ne peut pas être associée à une augmentation du risque de mortalité néonatale, de prématurité ou de malformations congénitales ».
Une autre étude a trouvé une augmentation significative des malformations cardiaques (Williams 1995) dans la zone d’endémie.
Cependant, en 1999, une autre étude rétrospective cas-témoin[14]n’a pas retenu d’association entre la borréliose de Lyme ou les morsures de tique chez les mères et la survenue de ces malformations cardiaques. Cette étude consistait à comparer les malformations congénitales cardiaques diagnostiquées par des cardiologues dans une même région et s’est intéressée aux mamans de ces enfants (questionnaire, traitement de BL).
En Suisse, il a été décrit des avortements spontanés, des cas de prématurité et de mortalité périnatale, des malformations des systèmes urinaire ou cardiaque ainsi que des cas de syndactylie [15]. Dans bon nombre de cas, des explications alternatives étaient toutefois possibles. Bien qu'aucune étude clinique n'ait démontré une augmentation significative des malformations cardiaques, la description de telles malformations, associées à un érythème migrant au cours du premier trimestre de grossesse, rend une association causale vraisemblable.
Enfin, une étude rétrospective, réalisée dans un centre spécialisé dans les maladies à tiques à Budapest [16], a repris 95 cas de femmes enceintes diagnostiquées avec une borréliose de Lyme sur vingt-deux ans. Il s’agissait de 72 érythèmes migrants, trois acrodermatites chroniques atrophiantes (ACA) et trois paralysies faciales périphériques. Vingt grossesses compliquées ont été recensées mais les effectifs sont là aussi trop petits pour permettre des comparaisons concernant une association entre un type de malformation et la borréliose de Lyme. En revanche, cette étude révèle un risque significativement plus élevé d’évolution péjorative de la grossesse chez les femmes non traitées par rapport à celles traitées. Néanmoins, cette étude, tout comme celle de Williams [9], ne trouve pas de sérologie positive en IgM dans les sangs de cordon ou les nouveau-nés témoignant d’une infection de l’enfant.
De nombreux témoignages français[17] et étrangers confirment la contamination in utero et vont dans le sens d’une transmission par voie sexuelle :
Témoignage vidéo d’une contamination in utero : https://www.youtube.com/watch?v=HdXc-2zznE8&t=1s
Témoignage de Christelle : « Après des années d’errance médicale, mon conjoint a enfin mis un nom sur tous ses maux il y a un an : Lyme. Nous avons eu deux enfants avant de connaître sa maladie. Après des tests sanguins poussés et complexes, nous apprenons en octobre 2017, que nos deux garçons sont également porteurs de bactéries liées à cette maladie alors qu’ils n’ont jamais été piqués par une tique. J’apprends aussi que je suis porteuse de certaines bactéries pourtant je n’ai aucun souvenir de morsure. Mon conjoint m’a contaminé via le sperme et à mon tour j’ai contaminé mes enfants durant la grossesse et l’allaitement»
Témoignage de Cassandre : « En 2014 je suis partie faire du volontariat en Asie du sud et j’ai développé des problèmes intestinaux qui ont persisté à mon retour. Je me suis contentée de prendre des antispasmodiques sur les conseils d’un gastroentérologue. Après mon accouchement en 2015, j’ai subi d’importants troubles dentaires, non expliqués par les professionnels de santé. J’avais une réaction démesurée au moindre soin effectué et des douleurs permanentes au niveau de la mâchoire. Puis se sont ajoutées des entorses à répétition sur la cheville droite entraînant une neuropathie appelée algodystrophie ou syndrome douloureux complexe. Cette algodystrophie m’empêche de marcher correctement et est très douloureuse au quotidien.Mon état a continué de se dégrader, avec des torticolis longs et répétés (environ 5 semaines sans pouvoir bouger) et une tendinite au genou et au poignet. C’est alors que ma kiné m’a parlé de la maladie de Lyme. J’ai donc pris rdv avec un immunologue spécialiste de Lyme et avec la prise de sang Blot il a établi le diagnostic. La maladie s’est manifestée par une ostéite de la mâchoire pendant un an et demi ayant nécessité une opération en septembre 2017 et le retrait des molaires du haut. Je dois aujourd’hui porter un dentier. Je souffre également d’intolérance au lactose, de fatigue extrême, d’entorses à répétition, de tendinite au genou et au poignet. Ma santé s’est donc vraiment dégradée. Avant je courrais 5h par semaine et était très active. J’ai des difficultés de concentration et troubles de la mémoire. Mon fils de deux ans a été contaminé pendant la grossesse ».
TRANSMISSION PAR LE LAIT MATERNEL
La Deutsche Gesellschaft für Pädiatrische Infektiologie recommande aux femmes avec une borréliose de Lyme survenant pendant l'allaitement de renoncer à allaiter de manière transitoire[4]. Cette recommandation est basée sur la mise en évidence par PCR de borrélies dans le lait maternel chez deux femmes avec érythème migrant. Une transmission au cours de l'allaitement n'a toutefois pas été décrite à ce jour.
CONCLUSION
D’un point de vue purement scientifique, la transmission in utero de la Borreliose a bien été démontré mais aucune étude approfondie n’a pu formellement démontrer la transmission par voie sexuelle, ni l'accroissement du risque de complications de grossesse. Le faisceau d’indices laissé par ces différentes études, les différents témoignages et la nature même de la Borreliose de lyme (qui rappelons-le se rapproche de l’agent de la syphilis qui est une maladie sexuellement transmissible), invite toutefois à la plus grande prudence.
C’est pourquoi je conseille à toutes personnes symptomatiques d’avoir des rapports protégés et de reporter leurs projets de grossesse, le temps du traitement. Tant que l’infection est active, c’est-à-dire tant que la personne est symptomatique (preuve que l’infection cause toujours des dommages, de l’inflammation, voire des réactions auto immunitaires), aucun risque de transmission ne devrait être pris. Les individus en couple pourront relancer leurs projets de grossesse une fois la charge pathogène largement diminué, et sous contrôle médical (Elispot négatif, absence de signes cliniques depuis au moins 6 mois, protocole de maintenance). Dans ce cas, la potentielle infection résiduelle ne représente plus qu’une forme enkystée, dormante et essentiellement inoffensive de la maladie, en principe gardée sous contrôle par le système immunitaire de la personne contaminée.
Gardez toujours à l’esprit que le passage de la mère à l’enfant ou entre conjoints reste certes peu probable lorsque la borrelia n’est plus active, mais que le risque zéro n’existe pas. Ce risque dépend largement, outre la charge pathogène, de l’état du terrain, des forces et faiblesses génétiques, et de l’état de l’immunité de la personne qui risque la contamination (conjoint et/ou nourrisson).
Groupe privé Facebook de soutient pour les femmes atteintes de la maladie de lyme et enceintes, allaitant ou désirant avoir un enfant : https://www.facebook.com/groups/
[1]Middelveen MJ, Burke J, Sapi E et al. Culture and identification of Borrelia spirochetes in human vaginal and seminal secretions F1000Research 2014, 3:309.
[2]Recovery of Lyme spirochetes by PCR in semen samples of previously diagnosed Lyme disease patients. Gregory Bach, DO, International Scientific Conference on Lyme Disease, April 2001.
[3]Moody KD, Barthold SW, Relative infectivity of Borrelia Burgdorferi in Lewis rats by various routes of inoculation, Am. J. Trop. Hyg. 1991; 44(3): 133-39.
[4]Lyme Borreliose. Deutsche Gesellschaft für pädiatrische Infektiologie. 4. Auflage ed : Futuramed Verlag München, 2003.
[5]Schlesinger PA, et al. Maternal-fetal tranbsmission of Lyme disease spirochete, Borrelia Burgdorferi, Annals of Internal Medicine 1985; 103(1): 67-68.
[6]MacDonald, AB, et al: Stillbirth Following Maternal Lyme Disease. New York State Journal of Medicine, Nov. 1987: 615-616.
[8]Weber K, et al. Burgdorferi in a newborn despite oral penicillin for Lyme borreliosis during pregnancy, Pediatr. Infect. Dis. 1988 ; 7: 286-89.
[9]MacDonald AB. Gestational Lyme borreliosis. Implications for the fetus. Rheum Dis Clin North Am. 1989; 15(4): 657-77. Review.
[10]MacDonald AB. Gestational Lyme borreliosis. Implications for the fetus. Rheum Dis Clin North Am 1989; 15:657-77.
[11]Maraspin V, Cimperman J, Lotric-Furlan S, Pleterski-Rigler D, Strle F. Treatment of erythema migrans in pregnancy. Clin Infect Dis 1996;22:788-93
[12]Markowitz et al, JAMA 1986; 255: 3394-6
[13]https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/8362948
[14]Strobino B, Abid S, Gewitz M. Maternal Lyme disease and congenital heart disease: A case-control study in an endemic area. Am J Obstet Gynecol. 1999; 180(3 Pt 1): 711-16.
[15]Maraspin V, Cimperman J, Lotric-Furlan S, Pleterski-Rigler D, Strle F. Erythema migrans in pregnancy. Wien Klin Wochenschr 1999;111:933-40.
[16]Lakos A, Solymosi N. Maternal Lyme borreliosis and pregnancy outcome. Int J Infect Dis. 2010; 14(6): e494-8. doi: 10.1016/j.ijid.2009.07.019. Epub 2009 Nov 18.
[17]http://www.mamanvogue.fr/temoignages-maladie-de-lyme-vivre-veritable-enfer/
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